Photographie
contemporaine
brésilienne

18 oct. 2025 > 18 janv. 2026  

Artistes du MINAS GERAIS
Dans le cadre du Festival les Photaumnales 2025 et de la Saison France-Brésil.

Dans le cadre de la saison France-Brésil, les Photaumnales au Musée Opale Sud s’associent au festival Foto em Pauta (Tiradentes-Brésil) et proposent une exposition réunissant cinq photographes contemporains originaires de la région du Minas Gerais. Cet état emblématique du Brésil, aussi bien sur le plan historique, qu’économique et culturel a une riche tradition visuelle et artistique. C’est également sur ce territoire que se déploie le Festival Em Pauta à Tiradentes, l’un des rendez-vous majeurs de la photographie en Amérique latine.

À travers les regards croisés de Bárbara LISSA et Maria VAZ, João CASTILHO, Pedro DAVID, Eustáquio NEVES, l’exposition explore les liens sensibles entre l’humain, le territoire et l’environnement. Leurs oeuvres — issues de démarches documentaires, expérimentales ou poétiques — interrogent la mémoire collective, l’histoire, le paysage, la nature et les urgences écologiques contemporaines. En écho à leur contexte d’origine, ces artistes proposent des récits visuels puissants qui révèlent les tensions et les enchantements d’un Brésil aux identités multiples, traversé par les problématiques de transmission, de coexistence et de résistance. Conçue par les commissaires Emmanuelle Halkin et Eugênio Sávio, l’exposition s’inscrit dans une volonté de dialogue entre les scènes photographiques brésilienne et française, offrant un regard renouvelé sur les enjeux environnementaux et culturels qui nous traversent. Présentée pour la première fois en France, cette proposition s’inscrit dans la continuité du projet initialement conçu pour le Festival de Fotografia de Tiradentes 2025 et marque un jalon dans la circulation de la photographie contemporaine brésilienne et témoigne de la vitalité artistique du Minas Gerais.

En miroir de cette exposition, le projet Photaumnales Brasil propose à Belo Horizonte, Tiradentes et Ouro Preto au Minas Gerais, cinq expositions et résidence avec des artistes français.

João CASTILHO
Partículas Metálicas

La pratique de João CASTILHO explore toutes les potentialités étendues de la photographie sous la forme de séries, d’installations, de collages, de vidéos et de sculptures. Penser la Terre dans sa multiplicité, perturber les échelles et mêler les temporalités sont les moteurs de toute son oeuvre. En construisant des installations, où la narration est parfois proche de la fiction, il imagine des formes esthétiques qui remettent en question notre appartenance au monde.
À travers une accumulation d’images à la chromie similaire et aux perspectives variées, CASTILHO crée une véritable géologie de la couleur. Surgissent alors des blocs d’intensité variées qui déstructurent le cadre photographique. En déconstruisant et reconstruisant les strates d’images, il fait ainsi émaner de ces compositions des alliances dites « cosmopolitiques ».

© João CASTILHO, PartÍculas Metálicas

João CASTILHO (né en 1978, Minas Gerais) est un artiste visuel brésilien. à traversinstallations, vidéos et sculptures, il mêle fiction, cosmologie et écologie. Par ses compositions, il interroge notre appartenance au monde et construit une poétique visuelle où se rencontrent temporalités, territoires et imaginaires. Son oeuvre est présente dans plusieurs collections publiques au Brésil et à l’étranger.

Pedro DAVID
Madeira de Lei

Le photographe Pedro DAVID explore les conséquences environnementales de l’expansion massive des plantations d’eucalyptus dans le Cerrado, savane emblématique du Brésil. Utilisé pour produire le charbon nécessaire à l’industrie sidérurgique, cet arbre à croissance rapide est introduit par de grandes entreprises, souvent étrangères, au détriment de la végétation native. Ce modèle de reboisement industriel épuise les sols, assèche les nappes phréatiques et rend le milieu inhospitalier à la biodiversité locale. Entre 2012 et 2017, Pedro documente ces paysages altérés dans l’État du Minas Gerais. Il y observe, au sein d’immenses plantations, la présence de quelques arbres natifs préservés à la demande des autorités pour valider les projets de déforestation. Isolés et voués à disparaître, ces arbres deviennent les symboles d’une résistance silencieuse. Les images ne relèvent pas uniquement du documentaire : elles interrogent le regard, suscitant une identification sensible avec ces formes de vie enfermées, comme étranglées par un monde artificiel en constante expansion.

© Pedro DAVID, Madeira de Lei
Pedro DAVID (né en 1977 à Santos Dumont, Brésil) est photographe, artiste visuel et commissaire. Il vit et travaille à Serra do Cipó. Diplômé en communication et en arts, il expose au Brésil et à l’international depuis les années 2000. Son oeuvre figure dans de nombreuses collections publiques, dont celles du MASP, du Musée du quai Branly et de la Bibliothèque nationale de France.

Bárbara LISSA et Maria VAZ
Óris

En creusant un trou dans la terre, toujours plus profondément, on atteint l’autre versant de l’espace : Óris est – ou plutôt pourrait être – un lieu, un être, un peuple, un mot, un nouveau langage. Il incarne l’inconnu même, tant dans l’origine de son nom que dans ce qu’il révèle – un paysage étrange et familier à la fois, une traversée vers un temps et un espace autres. Face à la fragmentation et à la crise de l’Anthropocène, ces images suspendent le regard. Les corps y deviennent partie intégrante du paysage, marchant en traçant des sillons de lumière. Elles invitent à la contemplation, à rêver des rapprochements et à imaginer d’autres mondes possibles pour les vivants.

© Bárbara Lissa CAMPOS et Maria VAZ , ÓRIS

Le duo d’artistes brésiliennes Bárbara LISSA et Maria VAZ développe depuis 2017 le projet Paisagens Móveis. Toutes deux doctorantes à l’UFMG, elles explorent les liens entre mémoire, oubli et écocritique à travers la photographie, mêlant images d’archives, expérimentations analogiques et écriture. Leurs expositions et livres (Três Momentos de um Rio, Óris) révèlent une démarche sensible et engagée sur les relations entre territoire, imaginaire et environnement.

Eustáquio NEVES
CRISPIM/ ENCOMENDADOR DE ALMAS

La série CRISPIM/ ENCOMENDADOR DE ALMAS s’articule autour de la figure de « Seu Crispim », habitant de la communauté quilombola de Baú, dans la région de Diamantina (Minas Gerais), chargé d’assurer le passage entre le monde des vivants et celui des morts. Ce rôle s’inscrit dans une pratique religieuse ancestrale encore vivace dans certaines communautés traditionnelles de l’intérieur du Minas Gerais.
Pour rendre hommage à ce personnage central de la culture locale, Eustáquio NEVES déploie son langage photographique singulier, nourri d’un procédé hybride mêlant photographie argentique en noir et blanc et manipulations physiques et chimiques en laboratoire. Cette approche, caractéristique de son oeuvre, confère aux images une atmosphère onirique et presque magique.
Aux portraits s’ajoutent des diptyques représentant des objets du quotidien rural, des éléments rituels liés au rôle d’encomendador, ainsi que des fragments de l’environnement de la communauté quilombola. Un ensemble d’images puissantes, traversées par la mémoire, la spiritualité et la transmission.

Eustáquio NEVES, CRISPIM/ ENCOMENDADOR DE ALMAS
© Collection of the São Paulo Museum of Art, MASP and the Art Institute of Chicago

Eustáquio NEVES (né en 1955 à Juatuba, Brésil) est un photographe majeur de la scène contemporaine brésilienne. Son oeuvre mêle photographie, altération chimique et interventions manuelles pour explorer les mémoires afro-brésiliennes, l’identité et l’effacement. Son travail a été exposé internationalement et figure dans des collections telles que celles de la Maison européenne de la photographie ou du Museum of Fine Arts Houston.