Ludovic-Napoléon Lepic (Saint-Péray, 1839 – Paris, 1889)
Petit-fils d’un héros de la bataille d’Eylau et fils d’un aide de camp de Napoléon III, maréchal des logis des palais impériaux, Ludovic-Napoléon Lepic connait jusqu'en 1870, une grande aisance financière qui va par la suite en s’amenuisant. Après avoir suivi ses études secondaires au lycée Bonaparte à Paris, il entre en conflit avec sa famille qui souhaite le voir adopter la carrière des armes alors qu’il n’aspire qu’à celle des arts.
Après un court séjour dans l’atelier du baron Wappers, peintre officiel du roi des Belges, à Paris, vers 1858-1859, il poursuit sa formation dans celui du peintre animalier belge Charles Verlat, vers 1859-1862. Du premier, il retient surtout une bonne connaissance des règles classiques de composition et du second, un goût pour les représentations animalières dont il se fait pendant dix ans, une spécialité qu’il perfectionne au contact de Louis Jadin alors peintre de la vénerie impériale de Napoléon.
De 1862 à 1864, il suit les cours de Charles Gleyre (1806-1874) en compagnie de Monet, Renoir, Sisley et Bazille qui l’apprécie beaucoup. Il y acquiert une réelle formation académique mais doit quitter cet atelier en même temps que ses camarades, à sa fermeture en 1864. C’est peut-être à l’influence de Gleyre que Lepic doit son goût des voyages et son amour de l’archéologie.
En 1864, il entre aux Beaux-Arts, dans l’atelier d’Alexandre Cabanel (1823-1889), où il reste jusqu’en 1866. Ce peintre d’histoire récemment reconverti au portrait ne semble guère avoir marqué Lepic, si ce n’est dans l’approfondissement des règles académiques de composition. Son amitié avec Degas qui fait de lui plusieurs portraits est à l’origine de sa participation aux deux premières expositions des impressionnistes avec lesquels il rompt rapidement
C’est à Cayeux en 1873 que Lepic semble avoir, d’après ses propres dires, découvert les côtes du nord de la France. Vers 1875 - 1876, il se fixe à Berck où il séjourne six mois par an jusqu’en 1882-1883. Son Bateau cassé lui vaut, en 1877, une médaille au Salon des Artistes Français. Entouré de quelques élèves dont Francis Tattegrain, il est le fondateur de l’école de Berck et défraie la chronique en travaillant sur la plage en compagnie de ses chiens.
Pendant près de dix ans, à de rares exceptions près, Lepic peint exclusivement des "plages" et des marines, tout d’abord en baie de Somme puis à Berck où il acquiert auprès des pêcheurs une remarquable expérience du large. Il est nommé peintre officiel de la Marine en 1881 mais déplore la perte d’authenticité d’un Berck dénaturé par l’invasion des plagistes.
Éclectique et fantasque, Lepic se distingue en tant que graveur et invente la technique de "l’eau forte mobile" à laquelle il initie Degas. Il pratique l’archéologie et, parmi les premiers, l’archéologie expérimentale, fonde le musée d’Aix-les-Bains. Il accompagne une expédition en Egypte et en tire un livre qu’il illustre, La dernière Egypte. Dans ses dernières années, il dessine des costumes pour l’Opéra de Paris et les décors d’un service de vaisselle pour la maison Léveillé de Creil et Montereau.